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Komodo et Flores, Indonésie

6 au 26 novembre 2013

KOMODO

Le temps file trop vite, il ne reste que 3 semaines à notre visa de 2 mois en Indonésie. Nous décidons donc de ne pas nous arrêter sur Sumbawa, l'île voisine à l'est de Lombok et de plutôt voler vers sa voisine toujours plus à l'est, Flores qui a fort bonne réputation parmi les routards.

Port de Labuanbajo, Flores
Nous atterrissons donc à Labuanbajo, tout à l'ouest de Flores, une petite ville bien équipée pour recevoir les voyageurs. Restos italiens, cafés internet, petits hôtels, centres de plongée, agences de voyages y sont nombreuses, pourquoi ? Parce que Labuanbajo est le point de départ des fameuses excursions aux îles Rinca et Komodo qui sont toutes proches et qui abritent les fameux «dragons du Komodo», les plus grands lézards au monde.

Un parc national y a été créé pour protéger les dragons, parc qui a d'ailleurs été classé 6e sur la liste des «Sept nouvelles merveilles du monde» nous dit-on, à la suite d'un vote sur internet. Évidemment ce classement peut être discutable mais c'est vrai que les dragons du Komodo sont à ne pas manquer. Une excursion de deux jours et une nuit en petit bateau nous permettra d'observer les dragons sur deux îles, Rinca et Komodo et aussi de faire du beau snorkeling autour des îles (heureusement, les dragons ne s'aventurent pas dans l'eau). Parlons donc un peu de ces fameux dragons...

Varan ou Dragon du Komodo... pas très sympa...

Les dragons du Komodo ou «varans» en français sont en fait des lézards de grande taille qui se distinguent des autres lézards par leur long cou, leur crâne triangulaire et leur langue bifide (qui se sépare en deux comme celle d'un serpent). Ils peuvent mesurer jusqu'à 3 mètres de longueur, peser jusqu'à 100 kg et vivre jusqu'à 50 ans pour les mâles et 90 ans pour les femelles. Leur taille a atteint ce gigantisme sur ces îles car ils n'y ont aucun autre prédateur à part eux-mêmes. Les dragons sont en effet cannibales; ainsi, les bébés dragons ont avantage à grimper rapidement dans un arbre tout de suite après leur éclosion car ils risquent d'être dévorés, même par leurs parents. Ils s'y mettront à l'abri pendant 3 ans se nourrissant d'insectes et de petits animaux, tant qu'ils n'auront pas acquis une taille suffisante pour se défendre. La femelle pond entre 15 et 30 œufs qu'elle couvera pendant 3 mois puis les laissera incuber dans la terre pendant 6 mois. Les scientifiques ne connaissent pas le nombre de bébés dragons qui naissent chaque année; ils estiment toutefois que seulement quelques œufs par portée ne seront pas dévorés par les dragons avant d'éclore ou juste après...

Fascinantes, ces petites bêtes !
En randonnée avec les guides du parc, nous avons la chance d'observer et d'approcher dans leur milieu naturel quelques uns des 2 350 dragons qui peuplent Komodo et Rinca. Les dragons sont le plus souvent immobiles, couchés à l'ombre près d'un point d'eau en attendant leur proie qui peut atteindre la taille d'un buffle ou d'un cerf. Très rapides sur de courtes distantes (15 à 20 km/hre), ils attaquent l'animal en le mordant et laissant dans la plaie la soixantaine de bactéries que contient leur salive dont trois sont mortelles. Il faudra une semaine à un cerf ainsi attaqué avant de mourir et 4 à 5 semaines pour un buffle. Les dragons pouvant sentir le sang à 5 km à la ronde, ils n'ont qu'à suivre la piste de leur proie jusqu'à ce que celle-ci ne meure... Une proie plus petite, telle une chèvre, est avalée toute entière. Les guides nous montrent des traces d'excréments des dragons qui sont de 3 couleurs : de petites boulettes blanches pour les os, noires pour le poil et brun pour le reste...

Un guide du parc protège Lucie avec sa fourche ! Très rassurant !
Les guides du parc sont «armés» d'un bâton en bois de 1,5 m de long qui se termine par un V à l'extrémité. L'efficacité de cette fourche nous paraît bien douteuse pour parer l'attaque d'un dragon mais ils affirment que les dragons la connaissent bien et la respectent. À preuve, seulement deux morts au cours des 30 dernières années sur les îles : un touriste suisse qui s'était éloigné du groupe et dont on n'a retrouvé que le chapeau et l'appareil photo et un local... très rassurant...

Village de Komodo... si vous voulez avoir un dragon comme voisin !
Les îles de Rinca et de Komodo abritent des villageois, surtout des pêcheurs, habitués de cohabiter avec des voisins aussi peu amicaux. Même s'ils déplorent souvent la perte d'une chèvre, sachant que les dragons sont trop corpulents pour grimper à plus de 100 m d'altitude, cela laisse donc à l'homme un vaste territoire à cultiver en toute sécurité. De plus, un antidote existe en cas de morsure mais la personne doit être transportée à un hôpital de Bali pour être soignée.

Cette petite virée chez les dragons nous a permis en outre de faire quelques splendides plongées en snorkeling. En effet, les fonds marins sont particulièrement riches en plancton et en corail dans la région grâce au fort courant qui se forme entre les îles. C'est notamment le lieu de rendez-vous de baleines, de requins, de tortues et de raies mantas. Nous avons été particulièrement chanceux de pouvoir observer 7 raies mantas tourbillonnant avec grâce et élégance tout près de nous, tel un ballet aquatique. Quel spectacle ! Inoubliable !

FLORES

Après Komodo, nous sommes prêts pour partir à la découverte de Flores, cette île baptisée «fleur» par les portugais lorsqu'ils l'ont colonisée au 16e siècle, tellement ils ont été impressionnés par sa luxuriance. Pour notre plus grand plaisir, Flores est catholique à 85%... finis donc les réveils à 5hre AM par le muezzin et tout le reste... Flores compte 1,8 millions d'habitants et elle s'étire sur 670 km.

Premier arrêt, Bajawa, un trajet de 10 heures depuis Labuanbajo, pas vraiment reposant mais qui en vaut la peine ! La route n'est pas si mauvaise, c'est juste qu'elle est toute en courbes, léchant les montagnes, les gravissant et les dévalant ! Impossible de rouler vite ici, 50 km/hre c'est déjà très vite et ça ne dure que quelques secondes, la prochaine courbe en épingle, une moto, une chèvre, un chien, des hordes d'écoliers occupent aussi la route. C'est une succession de crêtes, de ravins, de minuscules villages, de maisons ou plutôt «cases» avec murs en bambou et toits de chaume. Les plus riches ont des murs en ciment et un plancher mais ce ne sont pas la majorité. Heureusement, la nature est généreuse ici : bananiers, papayers, cocotiers, rizières, moult fruits et légumes poussent facilement dans cette forêt tropicale humide. Quelques vaches, poules et chèvres complètent le décor.

Bena, un village traditionnel Ngada près de Bajawa

Arrivés à Bajawa, nous louons une moto et nous partons sillonner les flancs du volcan Inierie (2 245 m) qui abrite des villages traditionnels de l'ethnie des Ngada, l'une des cinq ethnies de Flores. Bena est sûrement le village ngada le mieux conservé. Les gens sont fiers d'y vivre encore selon la tradition de leurs ancêtres. Les maisons de bambous coiffées d'un toit de chaume pointu sont construites autour d'une place centrale utilisées pour les fêtes, les cérémonies et les sacrifices. Des poteaux encore tachés de sang rappellent les derniers buffles sacrifiés ici et des pierres pointues, les lieux de sépulture des ancêtres. Les huttes décorées de cornes et de mâchoires de buffles signalent la prospérité de leurs occupants. Les ngada sont une société matriarcale, les maisons sont donc transmises de mère en fille. Les femmes s'occupent au tissage et offre aux touristes de passage leur artisanat. Basse saison oblige, nous sommes les seuls touristes dans le village ce qui le rend encore plus authentique. Notre collection de sarongs étant déjà assez bien garnie, nous optons pour acheter un sac de délicieuses noix de macadam. En effet, Flores est littéralement couverte de macadamiers, ces grands et magnifiques arbres aux fleurs blanches, ressemblant à des poissentias blancs.

Hello Mister !
Dans la campagne, les jeunes et moins jeunes nous saluent toujours d'un vibrant «Hello Mister» ! Ils apprennent un peu l'anglais à l'école et, avec nos quelques mots d'indonésien, nous réussissons à échanger un peu. Sitôt que Lucie dit son prénom, ils font un large sourire et demandent si nous sommes catholiques. Notre réponse positive les réjouit. Quant au prénom Réal, c'est un peu plus compliqué, ils entendent Andrea... non, non leur dit-on, Réal, comme Real Madrid, la fameuse équipe de soccer espagnole (le Royal de Madrid) que tout le monde connaît ici. Ils éclatent de rire et si nous repassons dans le coin, on est sûr d'entendre un «Hello Real Madrid» !

Fait à remarquer, sur Flores, jusqu'à récemment encore, on enterrait les morts sur son propre terrain. Ainsi, il n'est pas rare de voir, près de la maison, deux formes de tombes recouvertes de carreaux de céramiques et souvent décorées d'une image pieuse. Le plus souvent, ce cimetière familial est protégé par un toit en chaume.

Margaretha nous a accueilli chez elle. Remarquez les fleurs autour de la maison de bambou

Autre fait à souligner c'est que, malgré l'extrême pauvreté et simplicité des cases en bambou qu'on rencontre dans les villages, le terrain est souvent délimité par une petite haie et des pots de fleurs décorent la résidence. Bien sûr, on peut déplorer les déchets qui jonchent le sol le long des routes mais on remarque quand même un effort pour égayer sa propriété.

Second arrêt sur Flores, Riung, au nord de Bajawa, sur la côte de la mer de Flores. Un trajet de bus local qui devait prendre 3 heures en prendra finalement 6. On sillonne d'abord la ville de Bajawa pour aller chercher des clients et leur cargaison (riz, cochons, poulets etc) pendant 2 heures puis, seulement lorsque le bus est plein à craquer, on part pour Riung. On nous avait avertis que la route était horrible, on vous le confirme ! Cette fois-ci, on ne se fait pas prendre... nous payons un siège supplémentaire dans le bus pour nos bagages car il pleut toujours en après-midi et même si on nous assure qu'on mettra une toile par dessus les bagages entassés sur le toit, celle-ci est tellement trouée que notre linge sera complètement trempé... rien ne vaut l'expérience... Arrivés à Riung, même manège, le bus va reconduire chacun directement chez lui, excellent service me direz-vous, oui mais, c'est long. Heureusement, nous avions déjà prévu de loger chez Tam, à Nirwana Guest House, une adresse recommandée par les voyageurs. De petits bungalows en bambou et toit de chaume au milieu d'un jardin tropical tranquille à souhait.

À part la farniente, Riung est réputé pour la plongée dans le Parc marin des 17 îles. Tam nous organise deux très belles journées de snorkeling dans le parc. Nous avons partagé notre première excursion avec deux jeunes français rencontrés dans le bus puis, deux jours plus tard, nous y sommes retournés, seuls cette fois-ci avec notre guide, capitaine et cuisiner.

Poissons perroquets bisons, jusqu'à 1,3 m de long !
Même si les coraux ne sont plus aussi colorés qu'ils l'étaient à la suite de l'épisode 2002 d'El Nino qui les a considérablement blanchis, on peut y observer une grande diversité de poissons; nous avons eu la chance de voir pour la première fois les immenses poissons perroquets bisons ou «bump heads»en anglais. Ils peuvent atteindre 1,30 mètre de long et peser jusqu'à 46 kg, ça valait le déplacement ! Et tout cela, sans compter l'excellent poisson grillé sur BBQ d'écorces de noix de coco préparé par notre capitaine sur la plage... Que du bonheur !

Seule ombre au tableau, on entend quelques «boum» alors que nous sommes dans l'eau et notre capitaine nous confirme avec un large sourire qu'il s'agit de pêche aux explosifs et que ça fonctionne très bien... et dire que nous sommes dans un parc marin... l'humanité a encore du chemin à faire...

C'est qu'elles s'amusent bien ces deux-là ! Et dire qu'il y a quelques
minutes à peine, elles ne se connaissaient même pas ! 
Une petite virée en moto dans le coin nous a permis aussi de faire d'agréables rencontres. Des gens simples, chaleureux et accueillants qui n'hésitent pas à vous inviter à entrer chez eux et vous offrir un breuvage ou à manger. Ils sont fiers qu'on leur dise que c'est beau chez eux, ils sont fiers de nous présenter leur famille et de nous faire visiter leur maison, si modeste soit-elle. De belles leçons de vie !

Deux des trois lacs de cratère du Kelimutu

Troisième arrêt sur Flores, de retour en montagne au centre de l'île, Moni. Nous devions aller y voir les trois lacs de cratère du volcan Kelimutu qui se parent de couleur allant du bleu, au rouge et même au noir mais malheureusement, les nuages restent accrochés aux montagnes pendant les deux journées que nous serons à Moni; la saison des pluies nous rattrape en montagne, nous quitterons donc Moni sans avoir vu le Kelimutu, ce sera pour une prochaine fois.

Seuls au monde à Wailiti Beach Hotel, Maumere

Quatrième et dernier arrêt, Maumere sur la côte nord, la plus grande ville de l'île avec 53 000 habitants. Un peu à l'extérieur de la ville, nous dénichons un joli petit complexe hôtelier avec des bungalows confortables sur le bord de la plage de sable noir et, en prime, avec une belle grande piscine avec vue sur son magnifique jardin et la mer turquoise de Flores. Seul un autre bungalow est occupé par des touristes indonésiens qu'on ne voit pas de la journée, tout le site nous appartient ! Quoi de mieux pour passer les trois derniers jours qui nous restent à Flores avant de retourner à Bali pour nous envoler ensuite sur le Sri Lanka. Nous en profitons pour lire, mettre à jour le blog, faire le ménage des photos et vidéos, nous baigner, ce n'est pas le travail qui manque !

Selamat tingall Flores, merci pour ton accueil chaleureux, nous en garderons un excellent souvenir !

Lombok, Indonésie

24 octobre au 5 novembre 2013

Lombok, c'est l'île voisine de Bali vers l'est. De dimension semblable à Bali, elle présente toutefois un visage assez différent. Lombok est beaucoup moins développée, touristiquement parlant, elle est plus aride et sa population est musulmane. Longtemps restée à l'ombre de Bali, elle commence toutefois à acquérir sa propre notoriété. Tropicale, avec ses plages de sable blond, ses forêts luxuriantes, ses rizières et ses champs de tabac, ses immenses baies aux eaux turquoises, Lombok est dominée par le Gunung Rinjani, 3 726 m, le deuxième plus haut volcan d'Indonésie.

Autre atout majeur de Lombok, trois minuscules îles, les Gili, situées au nord-ouest de l'île tout près de la côte : Gili Trawangan, Gili Meno et Gili Air. Un bateau rapide depuis Sanur nous amène à Gili Air en moins de deux heures. La mer est calme, nous sommes chanceux, ce n'est pas toujours le cas, d'autres touristes nous ont raconté des traversées plutôt rock'n roll !

Gili Trawangan est réputée plus festive, haut de gamme et branchée. À Gili Meno, c'est le calme absolu. Nous avons donc choisi Gili Air, qui a conservé sa couleur locale tout en offrant des hébergements confortables et de bons restos, de longues plages, de bons spots de snorkeling et de la tranquillité.

Vue de notre bungalow à Gili Air

Nous avions réservé un petit bungalow près de la plage pour trois jours à Gili Air, nous y resterons finalement une semaine ! Difficile de quitter un petit paradis, le temps y passe si vite... Petit déjeuner sur la plage les pieds dans le sable, petite marche aux alentours (on fait le tour de l'île en une heure), un peu de lecture, quelques heures de snorkeling (on ne s'en lasse pas), coucher de soleil avec vue sur le volcan de Bali, 5 à 7 en ville (!), souper tous les soirs sur la plage avec du poissons grillé sur BBQ, thon, mahi-mahi, barracuda, on a le choix et c'est absolument délicieux. Voilà notre semaine de vacances à Gili Air !

Dans les Gili, pas de voitures, pas de motos et pas de chiens. Quel bonheur ! Le transport se fait à l'aide de petits chevaux attelés à de toutes aussi petites carrioles décorées de ponpons et de couleurs vives. De petites routes de ciment ou de terre sillonnent les îles dont les pourtours sont occupés par les hébergements touristiques et l'intérieur par les villages locaux. Gili Air est la plus peuplée avec 1 500 habitants.

Transport à cheval sur les Gili. Ici, Gili Meno





Traditionnellement, les habitants de Gili sont des pêcheurs; il se fait également un peu de culture sur les îles mais pas beaucoup car les îles reçoivent peu de pluie. Même en ce début de saison des pluies où l'on voit de gros nuages s'accumuler toute la journée autour des volcans de Bali et de Lombok et déverser des torrents d'eau en fin de journée, aux Gilis, le soleil est au beau fixe la plupart du temps et ce, pour notre plus grand bonheur !

Après une semaine, nous décidons, un peu à regret, de quitter notre petit paradis et de poursuivre notre route vers ce Lombok qui ne nous apparaît pas trop accueillant avec sa couronne permanente de nuages. Heureusement, nous n'en souffrirons pas trop, quelques averses en fin d'après-midi mais sans plus.

Premier arrêt, à l'ouest de l'île, Senggigi, ville touristique grâce à ses plages. Nous dénichons un peu à l'écart de la ville, un magnifique hébergement chez un couple indonésien-suisse qui a construit un «home stay» de quatre chambres dans leur jardin, adjacent à leur maison. Elle est originaire de Sulawesi, elle a vécu 14 ans avec son mari en Suisse, y a fondé une famille et tous sont déménagés ici il y a 2 ans pour partir cette «business». Après moins d'un an de fonctionnement, leur hébergement affiche déjà la note fabuleuse de 9,5 sur 10 dans Trip Advisor, c'est un succès total, ils sont pratiquement toujours complets et pour cause... Accueil chaleureux, cuisine plus qu'excellente, propreté éclatante, environnement calme, jardin luxuriant, piscine rafraîchissante, ici aussi on serait tenté de passer une semaine à se faire gâter. Si jamais vous passez par là, il faut vous y arrêter, ce petit paradis s'appelle Pondgok Anggrek Putih. Nous louons une moto et explorons la côte nord-ouest de l'île. Superbes points de vue sur la mer, falaises, plages désertes et petits villages de pêcheurs sont au menu de nos randonnées en moto.

Prahu de retour de la pêche.  Des dizaines de bateaux sont alignés le long de la plage

Nous avons la chance d'assister dans la matinée au retour des pêcheurs avec leurs prises après une nuit en mer. Seuls sur leurs prahu, ces petits bateaux à voile et à balanciers, ils rentrent à la voile sur la plage où ils viennent échouer leurs embarcations. Sitôt la voile enroulée (en fait une bâche de plastique cousue en triangle), 6 à 8 personnes viennent aider le nouvel arrivant à hisser son bateau sur la plage. Pour les remercier, le pêcheur offre à chacun quelques petits poissons. Puis la famille du pêcheur, femmes et enfants, se met à la tâche de nettoyer et classer les poissons pendant que celui-ci prend un petit déjeuner bien mérité après toute une nuit passée en mer à pêcher.

Wanita cantik !
À Lombok, les habitants nous apparaissent à prime abord un peu plus timides, un peu moins souriants qu'à Bali. On ne peut s'empêcher de penser que l'islam y est pour quelque chose mais ils acceptent quand même facilement de se faire photographier; ils nous saluent et poursuivent leurs activités comme si nous n'étions pas là. Le charmeur Réal réussit à arracher un sourire particulièrement aux femmes en les complimentant d'un wanita cantik, c'est-à-dire «jolie femme» en indonésien. Quant aux enfants, ils sont comme tous les enfants du monde, ils adorent être devant la caméra et ils ne réclament pas trop de bonbons, de stylos ou d'argent...

L'indonésien est une langue facile à apprendre. Pas de conjugaison, pas de genre, ça se prononce comme ça se lit (pas trop de sons bizarres), nous apprenons quelques nouveaux mots tous les jours et les gens nous gratifient toujours d'un magnifique sourire lorsqu'on s'essaie à converser un peu avec eux. Leur première question est toujours D'où venez-vous ? Canada répond-on... Ah ! Leurs yeux restent parfois interrogateurs, on se doute bien que certains n'ont pas la moindre idée où se situe le Canada... On les comprend bien, c'est si loin. D'ailleurs, on sait bien que si on demandait à bon nombre de canadiens de pointer l'Indonésie sur une carte, le taux de succès ne serait probablement pas très élevé...

Seconde escale à Lombok, Kuta et ses superbes plages. Contrairement à son homonyme, Kuta Bali, les plages de Kuta Lombok sont encore presque vierges. Un seul hôtel d'importance, le Novotel, y est installé mais ça ne devrait pas tarder, d'autres devraient suivre bientôt. Pour le moment, on peut se promener tranquillement sur les immenses plages de Kuta en forme de croissant le long de baies turquoises et se sentir presque seul au monde ! Des vagues de surf de renommée internationale déferlent au large et attirent quelques australiens à la recherche de sensations fortes.

Au village traditionnel sasak de Sade

Kuta sera notre base d'exploration du sud et de l'est de l'île. D'abord, une journée consacrée à se balader dans la campagne environnante et à visiter un village traditionnel, celui de Sade. Ce village est un centre de culture sasak, l'ethnie indigène de Lombok qui représente 90% de la population : on y a conservé plusieurs bale tani, ces maisons traditionnelles en bambou avec plancher fait de bouse de vache et de buffle, ainsi que des lumbung, des greniers à riz. Les femmes y font encore du tissage sur un métier rudimentaire et on nous raconte que les jeunes garçons «kidnappent» les jeunes filles avant le mariage; ils reviennent quelques jours plus tard pour demander officiellement la main de la jeune fille à ses parents.

Pêcheur de Gerupak réparant son bateau

Puis au sud-est, on atteint Gerupak, un petit village typique dont le millier d'habitants vit de la pêche, de la récolte des algues et de l'exportation de la langouste.

La palme des villages de pêcheurs revient toutefois à Tanjung Luar à 1,5 heure de moto à l'est de Kuta. Tanjung Luar, avec ses nombreuses maisons sur pilotis, est l'un de plus importants ports de pêche de Lombok. Son marché de poissons est qualifié par les guides touristiques «d'un des plus fascinants d'Indonésie». Grâce aux courants venant du Pacifique, au nord, qui passent par le détroit d'Alas, juste au large, les espèces de poissons de haute mer y sont très abondantes. Absolument fascinant de s'y promener au petit matin alors que les pêcheurs y débarquent leurs prises : on y enjambe thons géants, raies aigles, raies mantas (triste à voir), quantités de requins, notamment des requins marteaux, le tout soigneusement alignés sans un bloc de glace et vidés sur un sol poussiéreux. La chaire des poissons est vendue sur le marché local mais les ailerons de requins et les ouïes des raies sont vendus à fort prix à des exportateurs de Hong-Kong pour le marché chinois. Pas surprenant d'entendre dire que les pêcheurs doivent dorénavant aller pêcher les raies et les requins de plus en plus loin; ici, comme partout, on épuise malheureusement la ressource...

Fascinant marché de poissons à Tanjung Luar




Voilà, cela termine notre séjour à Lombok. On ne peut pas dire que nous avons été aussi charmés par Lombok que par Bali. C'est dommage qu'on ait toujours le réflexe de comparer Bali et Lombok mais c'est inévitable, ce sont deux îles voisines. Nous gardons quand même un excellent souvenir de Lombok grâce aux îles Gili, à l'accueil et à la cuisine de Nining à Pondok Anggrek Putih, aux plages désertes de Kuta et au fascinant marché de poissons de Tanjung Luar. Juste pour ça, Lombok mérite qu'on s'y arrête.

Bali, Indonésie

2 au 23 octobre 2013

Bali, un rêve de longue date devenu réalité, que nous avons eu le grand plaisir de partager avec nos amis québécois Doris et Michel, des voyageurs au long cours tout comme nous.

Situons d'abord brièvement l'Indonésie au plan géo-politique:
  • le plus grand archipel du monde avec 17 508 îles dont 6 000 sont habitées
  • une populations de 240 000 millions de personnes, le 4e pays le plus peuplé au monde
  • le 1er pays musulman en nombre de croyants
  • la 3e démocratie en nombre d'habitants
  • le pays s'étend de part et d'autre de l'équateur, tout juste au nord de l'Australie, à la convergence de la plaque du pacifique, de la plaque eurasienne et de la plaque australienne, d'où une forte activité volcanique et des tremblements de terre fréquents
  • la capitale de l'Indonésie, Jakarta se situe sur l'île de Java, l'île la plus peuplée au monde avec 136,5 millions d'habitants

L'île de Bali est nichée entre Java à l'ouest et Lombok à l'est. Bali compte 3,9 millions d'habitants et sa capitale est Denpasar. Longue de 153 km d'est en ouest, l'île s'étend sur 112 km du nord au sud. Facile et rapide d'en faire le tour, nous disions-nous, nous aurons amplement des 3 semaines que nous avions planifiées pour sa découverte... Erreur ! Il y a tant à voir et à faire à Bali que nous n'avons pas pu nous étendre trop longtemps sur ses plages paradisiaques. Mais nous y reviendrons...

Doris et Michel, nos amis québécois avec qui nous avons eu le plaisir de voyager à Bali

Nous avions fait le choix pour voyager sur Bali de louer une voiture sans chauffeur, ou plutôt si, nous avions un chauffeur et un excellent, en la personne de Michel qui, grâce à son permis de conduire international, a pu faire office de chauffeur tout au long de notre périple. Assisté de Doris et de son fidèle IPhone doté d'un GPS, nous avons pu voyager à travers Bali de façon indépendante, quel bonheur ! Ainsi, l'itinéraire se définissait quotidiennement et se modifiait au gré de nos humeurs et de nos envies.

Une offrande typiquement balinaise à l'intention des dieux hindous

Première surprise, Bali est une enclave hindouiste dans ce grand pays musulman. Il y a bien quelques mosquées ici et là mais 93% des balinais pratiquent l'hindouisme et les statues de Ganesh ont la cote ! C'est sans contredit la ferveur religieuse des balinais qui nous a le plus marqués. À Bali, tout est prétexte à une cérémonie au temple (l'île en compte plus de 20 000 !) sans compter les offrandes que les femmes confectionnent avec soin et offrent plusieurs fois par jour aux dieux et esprits en signe de respect ou de gratitude ou aux démons maléfiques pour les apaiser. Ces offrandes, composées en général de fleurs, de fruits, de pâtisseries et de menue monnaie sont déposées sur un petit autel de palme tressé ou de pierre pour les dieux et par terre pour les démons, ces derniers habitant bien sûr le sol alors que les dieux logent au ciel... Ces offrandes sont éphémères; sitôt déposées, elles sont «absorbées» par la divinité ou le démon à qui elles sont destinées et heureusement que c'est le cas, car il est impossible de circuler à Bali sans en piétiner par mégarde. Certaines sont même déposées sur les voies de circulation...

Pyramides de fruits... encore des offrandes !

Lors de cérémonies plus importantes au temple, les offrandes prennent la forme de pyramide de fruits, de gâteaux de riz colorés et de fleurs. La vie d'une personne est rythmée par 13 rites de passage, le plus coûteux étant le dernier, la crémation. Les balinais vénèrent les nouveau-nés, considérés comme la réincarnation des ancêtres. Pendant les trois premiers mois, les nouveau-nés sont constamment portés car ils ne doivent pas toucher le sol «impur» avant la cérémonie de purification. Au 210e jour, le bébé est béni devant le temple des ancêtres puis un énorme banquet est donné en son honneur. La cérémonie de limage des canines et des incisives supérieures vers l'âge de 16 à 18 ans constitue le rite de passage à l'âge adulte, des canines pointues étant une caractéristique des chiens et des démons...

Pura Ulun Danau Bratan et son meru (toit de chaume) à 11 étages

Chaque village compte au moins 3 temples (pura) : le plus important est le temple des origines, dédié aux fondateurs du village; un autre, le temple des esprits est placé au milieu du village pour protéger la communauté et procéder aux cérémonies quotidiennes et enfin, un dernier honore les morts. Toute maison qui se respecte abrite aussi un temple familial dédié au culte des ancêtres.

Grande fête au temple... les balinais adorent !

À Bali, la pratique religieuse ne se limite pas aux personnes plus âgées comme c'est souvent le cas en Occident. Tous, hommes, femmes et enfants de tout âge, assistent aux cérémonies religieuses vêtus de leurs plus beaux costumes traditionnels et témoignent d'une ferveur religieuse peu commune. Les cérémonies sont souvent précédées d'une procession très colorée à travers le village où les dieux et les démons sont personnifiés par des masques élaborés; des musiciens suivent le cortège et ajoutent à l'ambiance festive. De grandes tiges de bambous finement décorées (lamak) ornent la rue et l'entrée du temple. C'est un spectacle inoubliable et comme les balinais sont toujours disponibles et souriants pour une photo, c'est un vrai régal pour les photographes !

Ferveur religieuse à un temple de Denpasar

Que ce soit le temple de Luhur Ulu Watu sur une falaise à l'extrémité sud de Bali, celui d'Ubud dans la forêt des singes, celui de Lempuyang qu'on atteint après avoir gravi 1700 marches, celui d'Ulun Danau Bratan, magnifique sur le bord d'un lac, celui très sacré de Batukau, celui de Tanah lot sur une île de la côte sud avec un merveilleux coucher de soleil, tous ont un caractère distinct mais dans chacun, nous avons pu ressentir la ferveur religieuse des balinais et leur fort attachement à leurs traditions et à leur culture et c'est tout à leur honneur considérant la très grande activité touristique sur l'île depuis une trentaine d'années.

Magnifiques rizières de Tirta Gangga

Second coup de foudre, les rizières, particulièrement celles en terrasses en montagnes, tout un spectacle ! Et comme on peut cultiver le riz 12 mois par année à Bali, nous avons pu voir des rizières à tous les stades de culture d'où une gamme de vert exceptionnelle, du vert tendre des jeunes pousses jusqu'au vert jaunâtre des plants à maturité. Lorsqu'on sait que certaines rizières ont plus de mille ans, on est rempli de respect pour ces hommes et ces femmes qui ont façonné ces terrasses et qui ont installé des ingénieux systèmes d'irrigation qui sont d'ailleurs toujours en fonction. Chaque village regroupe les riziculteurs dans une association appelée «subak» et c'est celle-ci qui veille à l'utilisation judicieuse de l'eau de façon à ce que chacun dispose de l'eau nécessaire à sa rizière.

Offrande à la déesse Dewi Sri
«La culture du riz forme l'épine dorsale de la société balinaise. Traditionnellement, chaque famille en cultive suffisamment pour subvenir à ses besoins, faire des offrandes aux dieux et, parfois, en vendre un peu au marché. Divinité la plus populaire de l'île, Dewi Sri est la déesse de l'Agriculture, de la Fertilité et de la Prospérité. Chaque stade la culture s'accompagne de rituels pour exprimer la gratitude et conjurer une maigre récolte, les intempéries ou les ravages des souris et des oiseaux.» De nombreux petits autels destinés à recevoir les offrandes à l'intention de Dewi Sri agrémentent le paysage des rizières balinaises.

Le volcan Gunung Agung, 3 142 m, le point culminant de Bali






Parlant du paysage balinais, outre ses rizières et ses bords de mer exceptionnels, l'intérieur de l'île offre un spectacle fabuleux où s'entremêlent volcans, lacs, vallées, chûtes et forêt tropicale. Point culminant de l'île avec ses 3 142 m, le volcan Gunug Agung est aussi la montagne la plus vénérée de Bali. En ce début de saison des pluies, il était souvent obstrué par les nuages mais nous avons pu l'apercevoir à quelques reprises en matinée.

Le Gunung Batur et sa coulée de lave noire
Le Gunung Batur quant à lui offre un paysage spectaculaire. La région ressemble à une vaste cuvette à moitié couverte d'eau d'où émergent plusieurs cônes volcaniques.

À certains endroits, on peut même encore voir les coulées de lave pétrifiée qui ont dévalé les pentes du volcan pour s'arrêter juste devant le temple local... impressionnant, c'est le moins qu'on puisse dire !

Jardin balinais à Ubud
La richesse et la diversité de la flore balinaise nous a aussi fortement marqués. C'est bien connu, les volcans apportent la dévastation mais, peut-être pour se faire pardonner, leurs cendres contribuent à la richesse du sol. Partout, la flore est abondante et les balinais sont des jardiniers passionnés. Du banian, vénéré comme un arbre sacré, en passant par les bambous, les cocotiers, les palmiers, les frangipaniers aux fleurs d'odeur de sucre, les bougainvillées, les hibiscus, les poinsettias, les milliers d'orchidées, les balinais adorent créer de la beauté. Et quoi de plus agréable que de suivre un étroit sentier qui nous mène à une chute et d'observer en cours de route moult caféiers, girofliers, papayers, cacaoyers, jacquiers, manguiers, plants de vanille et j'en passe ! La nature est vraiment très généreuse à Bali,

Les galeries d'art balinaises valent le détour

«Le dynamisme de la vie artistique fait de Bali bien plus qu'une destination tropicale. Peinture, sculpture, danse et musique traduisent le talent naturel des balinais. Jusqu'à l'arrivée d'artistes étrangers à Bali dans les années 1920, l'expression artistique de Bali était réservée à la religion et aux rites et presque toujours l'apanage des hommes.» Cela a bien changé; de nos jours, galeries et boutiques d'artisanat regorgent de peintures et sculptures en bois ou en pierre. Contrairement à la plupart des destinations touristiques du monde, l'artisanat en vente à Bali est majoritairement authentique, local et de bon goût, vraiment rafraîchissant !

Danse legong à Ubud

La danse est aussi une expression artistique bien développée à Bali. Il existe plus d'une douzaine de danses traditionnelles balinaises. Chacune nécessite un long apprentissage auprès d'un maître et suit une chorégraphie précise de tous les gestes; même l'expression du visage joue un rôle important... fascinant de voir les orbites proéminentes et les mouvements précis des yeux des danseurs.

Danse kecak à Ulu Watu
Nous avons pu assister à deux danses, celle du kecak et celle du legong. Le kecak est exécuté par un choeur d'environ 80 hommes assis en cercles concentriques qui entrent pratiquement en transe en psalmodiant sans arrêt pendant plus d'une heure «chak-a-chak-a-chak» imitant ainsi les cris d'une bande de singes pendant que des danseurs s'exécutent en mimant un épisode du Ramayana, une épopée hindoue. Inoubliable, au coucher de soleil au temple Ulu Watu sur une falaise en bord de la mer.

Quant au legong, nous avons assisté à une représentation donnée au palais d'Ubud, la ville reconnue comme étant le centre culturel et religieux de Bali. Le legong est une danse très gracieuse caractérisée par un jeu de main et de regards et exécuté par de très jolies jeunes filles savamment maquillées et vêtues de magnifiques costumes de brocart doré.

La musique balinaise est basée sur le gamelan, un orchestre pouvant atteindre 40 musiciens pour les cérémonies importantes. Le gamelan est essentiellement composé d'instruments à percussion du genre tambour, cymbale et xylophone. Chaque village possède son orchestre et il n'est pas rare de voir ces musiciens de tout âge pratiquer ensemble à l'abri d'un banian sur le bord de la route. Arrêt obligatoire...

Musiciens de gamelan au Palais d'Ubud accompagnant la danse legong
Bord de mer à Sanur
Enfin, un mot sur nos principales destinations.... Sanur fut notre point d'arrivée et de départ, notre base pour explorer le sud de l'île et sa capitale, Denpasar. Toute cette région est densément urbanisée et peuplée. Les immenses plages de sable blanc de Kuta, Jimbaran et Seminyak regorgent d'hôtels en tout genre et de restaurants. À voir en passant, le temps d'un bon lunch suivi d'une balade sur la plage ou d'un souper aux fruits de mer, les pieds dans le sable sur le bord de la mer mais sans plus d'intérêt pour nous. Sanur accueille un tourisme plus tranquille qui aime bien contempler la mer en lisant un bon bouquin et se balader en vélo sur la longue promenade longeant la mer, à l'abri du bruit de l'intense circulation. Plus notre genre quoi...

Vendeuse d'offrandes au marché de Denpasar 
Denpasar, la capitale, mérite une visite ne serait-ce que pour déambuler dans son immense marché rempli de beaux fruits, légumes, poissons et de magnifiques... sourires ! Maintes fois, avons-nous entendus nos amis Doris et Michel, tous deux dentistes de profession, s'exclamer devant la superbe dentition des balinais ! Les balinais font bon ménage avec le tourisme. Bien sûr, leur économie en profite largement mais le touriste ne se sent pas sur-exploité, les prix sont raisonnables et on se sent en sécurité partout. Autre point appréciable... zéro harcèlement, un non merci ferme et accompagné d'un sourire est suffisant pour faire passer son chemin à un vendeur de souvenirs ambulant.

Monument rappelant le puputan des balinais face aux néerlandais
Côté histoire, un monument célèbre commémore la résistance héroïque des rajas et de la population balinaise face aux envahisseurs néerlandais en 1906. Dès 1597, des marins néerlandais sont parmi les premiers européens à débarquer à Bali. Ils tombent amoureux de l'île mais les traités commerciaux sont plutôt signés avec les princes javanais au 17e siècle pour contrôler le commerce des épices. Au 19e siècle, les néerlandais commenceront à s'intéresser à Bali et finalement, le 20 septembre 1906, la marine néerlandaise bombarde Denpasar, puis lance l'assaut final. Réalisant qu'ils sont inférieurs en armes et en nombre, les princes balinais pensent la défaite inévitable. Mais la reddition et l'exil leur semblant la pire des issues, ils choisissent d'en finir par un «puputan» (suicide collectif). Les princes brûlent leurs palais puis le raja, paré de ses plus beaux atours et brandissant le «kriss» d'or  rituel (dague), part affronter la machine de guerre moderne des néerlandais accompagné des nobles et des prêtres. Ces derniers supplient les balinais de se rendre plutôt que d'opposer une résistance désespérée mais, vague après vague, les nobles balinais marchent vers la mort ou se suicident avec leur kriss. En tout, près de 4 000 balinais périront ainsi. Les rajas de Tabanan de Semarapura préféreront eux aussi le puputan à la honte de l'exil. En 1908, l'île est entièrement sous domination néerlandaise et le sera jusqu'en 1942, alors que les japonais débarqueront sur l'île sans rencontrer grande opposition. À leur départ en 1945, ils laissent l'île dans un état d'extrême dénuement. Les néerlandais tentent de s'installer à nouveau mais les nationalistes balinais proclament alors l'indépendance de l'archipel; celle-ci ne sera officiellement acceptée qu'en 1949 par les occupants.»

Macaques à fourrure grise, les singes chapardeurs de la Forêt sacrée des singes à Ubud

À Ubud, à moins de 20 km au nord de Denpasar, on se croirait dans un autre pays. Ici, culture, art et nature se conjuguent au superlatif. Même si le centre-ville d'Ubud est bondé d'hôtels et de restos (on est en Indonésie après tout), même à pied, il est facile de se retrouver en quelques minutes sur une crête bordée de rizières ou dans une forêt peuplée de singes chapardeurs. Attention à vos lunettes et à vos bouteilles d'eau et ne sortez surtout pas une banane, sous peine de déclencher une émeute !!!

Prahu, bateau à balanciers utilisé par les pêcheurs balinais
En route pour Pura Lempuyang, escaliers monumentaux
Sur la côte est de Bali, Amed nous a offert de beaux paysages de bords de mer. Chaque crique abrite quantité de prahu ces petits bateaux à balanciers de pêcheurs peints dans de jolies couleurs éclatantes. Beau spectacle au coucher de soleil ! Agréable aussi de retrouver les poissons tropicaux de l'Océan Indien en snorkeling à partir de notre bungalow sur la plage. Après l'intense activié de Sanur et d'Ubud, le calme de la côte d'Amed est apprécié. Les alentours sont aussi magnifiques : rizières à flanc de montagne à Tirta Gangga, villages pittoresques et vallées verdoyantes se succèdent pour notre plus grand plaisir. Le Pura Lempuyang, le temple qui se mérite au bout d'un peu plus d'une heure de montée avec ses 1 700 marches (à l'ombre heureusement) nous donne l'occasion de rencontrer des balinais qui font comme nous l'ascension pour aller prier à ce fameux temple avec toutes leurs offrandes; c'est fatiguant mais c'est important pour elle de s'y rendre, nous a confié une jeune mère transportant dans ses bras un bébé de 3 mois...

C'est la fête des ancêtres au Pura Danau Bratan

Le nord-est de l'île est dominé par les volcans dont le Gunung Agung (3 142 m) et le Gunung Batur (1 717 m) et leurs lacs dont nous avons parlé précédemment. Les nuages s'amoncellent rapidement autour des cratères et on comprend d'où vient toute cette eau qui irrigue les rizières et reverdit la forêt tropicale. La température est plus fraîche aussi en montagne, quand même pas au point de mettre une petite laine comme les guides de voyage le suggérait mais c'est notable et apprécié. Au bord du lac Bratan, nous avons la chance de tomber sur une fête importante au temple, c'est la fête des ancêtres. Les gens viennent de loin vêtus de leurs plus beaux costumes pour participer aux processions; chaque village a la sienne accompagnée de son orchestre de gamelan. En plus des innombrables offrandes traditionnelles destinés aux dieux et esprits du temple, certains transportent respectueusement dans une petite boîte de bois décorée un peu des cendres d'un défunt de la famille et ils iront en barque déposer ces cendres au milieu du lac. Mémorable !

Le nord de l'île nous a réservé de belles surprises. D'abord Lovina et Pemuteran sur le bord de la mer de Bali avec des sites de snorkeling exceptionnels, certains récifs étant naturels, d'autres «électriques» ! Ça mérite explication n'est-ce-pas ? Voici donc la belle histoire des récifs électriques de Pemuteran.

«Pemuteran se situe dans une partie plutôt aride de Bali, où la population a toujours vécu assez pauvrement. Au début des années 1990, la région a commencé à tirer profit des excellents sites de plongée qui bordent le littoral. Ses habitants, contraints de lutter pour se nourrir, ont alors suivi des cours de langue et diverses formations pour accueillir les visiteurs dans ce qui allait devenir un ensemble de complexe hôteliers. Il restait cependant un gros problème à régler : les récifs qui devaient séduire les touristes étaient très endommagés. Après quelques difficultés, la communauté a réussi à contrôler la pêche à la dynamite et au cyanure qui se pratiquait couramment. Toutefois, à la fin des années 1990, le réchauffement de l'eau engendré par El Nino a blanchi et endommagé de grandes portions de récif. Un groupe de gérants d'hôtels et de clubs de plongée s'est associé avec les dirigeants locaux pour trouver une solution originale : créer un nouveau récif avec de l'électricité. L'idée avait déjà été émise par des scientifiques au niveau international mais Pemuteran a été le premier endroit à l'exploiter à grande échelle et avec succès. À partir de matériaux locaux, la communauté a construit des dizaines de cages en métal qui ont été placées le long du récif menacé, Celles-ci ont ensuite été branchées sur des générateurs de très petite puissance installés sur terre. C'est ainsi que la théorie est devenue réalité. Le courant a stimulé la formation de calcaire sur les cages, qui ont rapidement engendré du nouveau corail. Ainsi, la petite baie de Pemuteran s'enrichit en corail à une vitesse cinq à six fois supérieure à la croissance naturelle. Les résultats sont très positifs; habitants et visiteurs en profitent autant que les récifs !»

Poissons clown et leur anémone protectrice

Mais Pemuteran abrite aussi de superbes récifs naturels autour de la petite île de Menjangan à trois km au large. Eau cristalline, poissons tropicaux abondants et colorés, récifs bien vivants, le tout bien accessible dans 2 à 3 mètres de profondeur en bordure d'un tombant de plus de 30 m d'un bleu profond... une superbe journée !

Les chutes de Munduk

Prochain arrêt, Munduk, l'un des plus beaux villages de montagne de Bali. Ici, point besoin d'air climatisé, l'air est frais en montagne le soir... Le village est niché au milieu de collines luxuriantes couvertes de jungle, de rizières, de jardins et de presque tout ce qui pousse sur l'île. Deux agréables randonnées vers des chutes rafraichissantes nous permettront de découvrir toute cette riche végétation.

Enfin, dernier arrêt, Tanah Lot, sur la côte sud-ouest. La côte est fameuse pour ses vagues de surf et ses plages de sable noir (volcanique), le plus fin que nous ayons jamais vu ! Depuis Tanah Lot, nous avons d'abord fait une dernière incursion vers l'intérieur de l'île vers le temple Luhur Batukau puis vers les magnifiques rizières de Jatiluwih. Pura Luhur Batukau possède un meru à 7 toits dédié à l'esprit gardien de la montagne Batukau, la seconde plus haute montagne de Bali (2 276 m). Même si nous avions déjà visité plusieurs temples balinais, nous avons été fort impressionnés par la spiritualité et la sérénité qui y régnaient. En groupe ou individuellement, les gens faisaient leurs offrandes aux dieux selon des rites précis et complexes empreints de beaucoup de respect. Marquant !

Les magnifiques rizières de Jatiluwih








Tout aussi marquant fut le spectacle que nous on offert les rizières centenaires de Jatiluwih qui signifie «vraiment merveilleux» et ce, à juste titre ! Ces rizières en terrasses s'étageant à flanc de colline ont été sélectionnées pour figurer sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco en tant qu'élément emblématique de la culture traditionnelle du riz à Bali. De plus, on cultive ici le riz traditionnel et non ces nouvelles variétés à haut rendement introduites dans les années 1970. Bien sûr, elles peuvent être récoltées un mois plus tôt et sont résistantes à plusieurs maladies mais, par contre, elles requièrent plus d'engrais et plus d'eau, ce qui crée des problèmes environnementaux. Malgré le fait qu'on les dise moins savoureuses, ces nouvelles variété comptent maintenant pour plus de 90% du riz cultivé à Bali.

Le temple de Tanah Lot sur la côte sud-ouest

Tanah Lot, c'est aussi un temple très important, celui le plus visité et le plus photographié de Bali. Sa situation près de Denpasar y contribue bien sûr mais c'est surtout son site, sur une île, face au soleil couchant qui le rend incontournable. Pour les balinais, Tanah Lot est un lieu vénéré car il s'agit de l'un des «temples de la mer». Au 16e siècle, un prêtre fonda une série de temples pour honorer les dieux de la mer, chacun devant être à portée de vue du voisin. Tanah Lot est l'un de ceux-ci et son voisin, Luhur Ulu Watu, sur la falaise, que nous avons vtisité au début de notre séjour à Bali est effectivement visible dans le lointain.

Et voilà, la boucle est bouclée ! Nos amis Doris et Michel retournent retrouver leur camping-car à Perth en Australie et nous, nous poursuivons notre découverte de l'Indonésie avec la voisine de Bali à l'est, Lombok, à moins de 2 heures en bateau rapide depuis Bali.

Terima kasih à Doris et Michel, nos guide et chauffeur et surtout nos  amis !

Terima kasih (Merci) Doris et Michel, vous avez été de merveilleux compagnons de voyage ! Merci aussi pour votre contribution à ce blog avec vos superbes photos !

Selamat jalan les amis !
Nous espérons bien vous recroiser bientôt quelque part au monde, ce sera un immense plaisir renouvelé! 

D'ici là, Selamat jalan (Bonne route) à vous deux et que du bonheur pour vos petits cœurs de voyageurs!

En guise de mot de la fin, une phrase tirée d'un guide de voyage qui résume bien notre sentiment à la suite de notre périple :

«Si on va à Bali pour ses plages et son soleil, on y retourne pour sa vie culturelle intense et la beauté de ses paysages intérieurs.»

Terima kasih Bali !